Faune Sauvage, Animal Captif
Des ménageries royales aux parcs zoologiques l’enfermement des animaux sauvages est représentatif du rapport de l’Homme à la nature.
Les évolutions des zoos au cours des siècles montrent que ces lieux de détention animale évoluent en fonction des changements sociétaux.
Les ménageries royales illustraient la puissance et la richesse du monarque qui possédait des animaux « exotiques » venant de contrées lointaines.
Au XIXème siècle, les jardins zoologiques, « vitrines du colonialisme », exhibaient la « gloire des empires » en pillant la nature pour se remplir. Les zoos humains ajoutèrent à la suprématie de l’Homme « blanc » sur la nature une discrimination hiérarchique entre le « sauvage » et le « civilisé ».
Le XXème siècle, plus ambivalent, tenta d’introduire un semblant de liberté dans les zoos, en agrandissant les espaces de captivité et en les aménageant par imitation de la nature. Chaque cage ou enclos devint un petit théâtre d’illusion censé représenter le milieu de vie des animaux à l’état sauvage.
Le XXIème siècle prend enfin conscience de la dégradation des écosystèmes et de l’extinction dramatique des espèces. Une destruction généralisée du vivant dût en totalité à l’Homme et à ses activités de prédation et d’exploitation. Les zoos à nouveau s’adaptent à ces changements de société. Il agrandissent à nouveau les espaces de captivité et les « naturalisent » un peu plus, ils créent ou soutiennent des associations de préservation ou des projets de recherche scientifique. Ceci à grand renfort de communication, comme ce zoo affichant que les parcs animaliers sont des « conservatoires des espèces » et de « réels acteurs de la conservation de la faune sauvage ». Mais de sauvage, on ne peut sans doute plus parler, car depuis la Convention de Washington de 1973 tout prélèvement animal dans la nature est interdit. Le renouvellement des animaux se fait donc par l’échange de spécimens entre zoos. Ce qui ne manque pas de poser la question de la consanguinité, des modifications génétiques et des changements de comportements induits par le milieu de vie. Les zoos montrent donc bien plus sûrement des animaux « en voie de domestication rampante » comme le souligne Eric Baratay*, professeur d’histoire contemporaine.
Ces modifications des conditions de détention et ces exercices de communication sont séduisants, mais la réalité est tenace. Les zoos – qu’on les nomme ; parc, réserve, safari, ferme, écozoo ou bioparc – restent avant tout des lieux de spectacle du sauvage dans lesquels le bien-être animal passe toujours après le besoin de divertir un public toujours plus nombreux.
* Eric Baratay : Grand reportage, France Culture, La mue des parcs zoologiques, 20/01/2023